Nous avons interrogé le Pédiatre des micro-crèches La Girafe Étoilée, le Dr Dominique LEYRONNAS. Voici son analyse.
Le port du masque en collectivité d’enfants est-il un danger pour le développement de l’enfant ?
D’abord, il faut replacer le port du masque dans son contexte. S’il est légitime de se poser cette question, il me semble important de rappeler avant tout débat que ce masque est destiné à protéger les plus faibles d’une maladie qui peut être mortelle. Jusqu’à l’épidémie que nous traversons, il n’était porté que par les chirurgiens et les réanimateurs pour protéger leurs patients.
A-t-on déjà pu obtenir des résultats sur le sujet avec certitude ?
Personne ne sait dire l’impact de cette occultation du visage, car on ne dispose d’aucune référence historique pour l’évaluer. Dire que ça n’aura aucune conséquence serait sans doute un mensonge.
En quoi voir un visage masqué pourrait-il perturber les enfants admis en collectivité ?
Les plus jeunes qui découvrent pour la première fois un nouvel environnement doivent adopter une nouvelle figure d’attachement pour s’y adapter et s’y trouver bien.
Mais comment faire avec une demi-figure ? Dans ce cas très particulier, je crois que la référente doit montrer son visage découvert lors du premier accueil et périodiquement ensuite. Le masque transparent serait une bonne idée, mais son inconfort l’a fait délaisser.
Et pour les apprentissages ?
Pour l’apprentissage de la parole, voir la bouche participe à l’apprentissage. Mais les enfants ont la faculté d’associer et de mémoriser ce que captent leurs sens, ici la vue et l’audition. Dès la fin de leur première année, ils deviennent capables d’imaginer ce qu’ils ne voient pas. S’ils ont vu plusieurs fois les mouvements de la bouche et des lèvres qui accompagnent un mot ou un son, ils peuvent l’avoir mémorisé. Pour cela comme pour le reste, le personnel de la crèche ne fait qu’entretenir ce qui a été initié à la maison.
Peut-on transmettre ses émotions malgré le port du masque ?
Quant à la lecture des émotions dans les échanges quotidiens, le port du masque demande aux adultes une attention plus soutenue pour amplifier par leur regard et dans leur voix ce qui ne peut être perçu de la mimique. Les enfants ne sont pas continuellement avec des gens qui portent un masque et ils ont des compétences d’adaptation bien supérieures à celles des adultes.
On peut citer les enfants hospitalisés au long cours dans des unités stériles, qui apprennent très tôt à décrypter les messages transmis par les yeux.
En conclusion, il est probable que tous les enfants ne pâtiront pas de la même façon de cette curieuse période selon leur personnalité et l’entourage familial. Plutôt que s’inquiéter, nous conseillons aux parents de communiquer un maximum avec leurs enfants dès leur plus jeune âge, et de rester conscients que leur implication peut grandement minimiser les effets négatifs du port du masque par les personnes extérieures au foyer.
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